79.

Ari et Krysztov arrivèrent devant le numéro 6 de la place Marco-Polo, au cœur de la petite île, à l’ouest de Portosera. Il n’y avait pas de code ou d’interphone, seulement une lourde porte en bois qu’Ari s’empressa de pousser.

Ils pénétrèrent dans l’entrée obscure et cherchèrent une éventuelle liste des habitants pour trouver l’étage où logeait Jean Colomben. Ils avaient essayé plusieurs fois de le joindre par téléphone sur le trajet depuis Naples, mais toujours sans succès. L’homme était peut-être déjà mort depuis longtemps. Ari désigna les boîtes aux lettres. Le nom de l’architecte figurait bien sur l’une d’entre elles, mais sans aucune autre indication.

— Il y a peut-être un concierge…

Ils ouvrirent la porte vitrée qui menait à l’escalier. Il n’y avait qu’une seule autre porte, sur leur droite, mais qui ne ressemblait pas à celle d’un appartement. Ari la poussa et découvrit le local où les occupants de l’immeuble descendaient leurs poubelles…

— Bon, on n’a qu’à frapper à toutes les portes, on finira bien par trouver.

L’analyste passa le premier et monta les marches en bois du vieil escalier. Le plâtre sur les murs s’effritait et il régnait une odeur âcre de renfermé.

À l’étage, Ari frappa à la première porte. Rien. Il tenta sa chance à la seconde porte. Toujours personne. Ils se remirent en route vers le deuxième.

Cette fois, arrivés sur le palier, ils entendirent de la musique classique. Un lied de Schubert qui passait sur un vieux gramophone.

Ari frappa à la porte. Aucun bruit de pas. Les deux hommes échangèrent un regard. Ils attendirent encore quelques secondes, puis Ari tapa une nouvelle fois, plus fort. La porte s’ouvrit enfin.

Une vieille femme replète apparut dans l’entrebâillement, vêtue d’une épaisse robe de chambre.

— Cosa poteste ?

— Jean Colomben, prononça Mackenzie en articulant le plus clairement possible. Nous cherchons Jean Colomben.

— Il Francese ?

— Si. Jean Colomben. L’architecte.

— Ah sì. Abita all’ultimo piano, dit la vieille femme en pointant du doigt vers le haut.

— Au dernier étage ? précisa Ari en imitant son geste.

— Si, si.

— Grazie mille !

Les deux hommes se remirent aussitôt en marche sous le regard inquisiteur de la vieille dame.

Plus il montait, plus Ari accélérait son pas, comme si le suspense devenait de plus en plus insupportable. Par deux fois, la meurtrière lui avait échappé. Mais il s’en approchait un peu plus à chaque meurtre. Cette fois serait peut-être la bonne. Il le fallait. Parce que c’était sa dernière chance.

Ils arrivèrent enfin au dernier étage. Contrairement aux autres paliers, il n’y avait ici qu’une seule porte. Ari s’empressa de frapper contre le vieux bois vert. Il y eut, comme en réponse, un bruit sourd à l’intérieur. Puis plus rien. Il frappa à nouveau, beaucoup plus fort.

— Monsieur Colomben ! C’est Ari Mackenzie ! Ouvrez !

L’appartement resta silencieux quelques secondes. Puis soudain un éclat de verre retentit de l’autre côté de la porte.

— On rentre ? demanda Krysztov.

Ari hocha la tête en dégainant.

Le grand Polonais se mit face à l’entrée, fit un pas en arrière et donna un grand coup de pied à côté du chambranle. Le bois se fendilla en craquant, mais la porte résista. Il recommença une deuxième fois, puis une troisième. La serrure céda et la porte s’ouvrit d’un coup.

Ari se précipita à l’intérieur, l’arme en joue. À peine entré, il vit dans la pièce principale, en face de lui, le corps immobile d’un homme, ligoté sur une table, le crâne ensanglanté. Krysztov le suivit pour se mettre en couverture. Ari jeta un coup d’œil dans un couloir sur sa gauche. Pas de lumière. Une porte à droite. Il fit signe à Zalewski d’aller vérifier, puis il s’avança prudemment vers le salon, le cœur battant.

L’analyste reconnut aussitôt l’odeur d’acide qu’il avait sentie à Chartres, chez Paul Cazo. Il se précipita vers la table où était attaché le vieil homme.

La poitrine de Jean Colomben se soulevait lentement. Il respirait encore. Ari posa une main sur la tempe de l’architecte. Les yeux grands ouverts, celui-ci tourna lentement la tête et le fixa du regard, l’air complètement perdu, hagard. Ses lèvres tremblaient. Le visage blafard et humide, le crâne couvert de sang, il ressemblait à un mort.

— Parlé, murmura-t-il. J’ai parlé

— Ne vous inquiétez pas, monsieur Colomben. On va s’occuper de vous, balbutia Ari. C’est fini…

L’analyste fit un pas en arrière et inspecta la pièce. Il vit la bouteille de verre brisée au sol et un sac rouge entrouvert, posé négligemment au milieu du salon et dont dépassait une perceuse pleine de sang. Il releva la tête et regarda, de l’autre côté de la table, la fenêtre grande ouverte. Le vent froid soufflait depuis la mer.

— Elle est partie par là ? demanda Mackenzie en désignant la fenêtre.

L’octogénaire n’avait sans doute plus la force de hocher la tête, mais Ari décida que le clignement de ses yeux était un acquiescement suffisamment clair.

Krysztov réapparut au même instant dans le salon.

— RAS. L’appartement est vide, dit-il en s’approchant.

— Elle s’est barrée par les toits, répliqua Ari en s’approchant de la fenêtre. Occupez-vous de lui, appelez les secours. Je vais essayer de la rattraper.

— Non, je vous laisse pas monter là-haut tout seul !

— Krysztov, on n’a pas le choix, là. Occupez-vous de lui, bordel !

Il passa une jambe par-dessus le bord de la fenêtre, s’agrippa à la gouttière et se hissa dehors. Cinq étages plus bas, il aperçut la ruelle déserte. Il retourna aussitôt la tête, de peur d’être pris de vertige. Les hauteurs n’avaient jamais fait son enchantement.

Les deux pieds sur la balustrade, il poussa sur ses jambes pour grimper sur le toit de vieilles tuiles rouges et jeta aussitôt un coup d’œil de chaque côté. À gauche, vers la mer, l’immeuble s’arrêtait à quelques mètres à peine. Le toit du bâtiment suivant était trop éloigné pour qu’elle se fût enfuie par là. Mais à droite, le sommet d’un immeuble mitoyen légèrement plus élevé était accessible par une vieille échelle.

Ari n’hésita pas une seconde et, plongeant son buste vers l’avant, il monta sur le toit. Prenant garde à ne pas glisser sur les tuiles, il se dirigea prudemment vers le mur de brique, à quelques mètres de là. À chaque pas, il devait vérifier la stabilité du sol avant de prendre appui. Les tuiles s’entrechoquaient, craquaient parfois. Alors qu’il approchait lentement du mur, il crut voir passer une ombre au-dessus de lui. Il leva la tête et aperçut la chevelure blonde de la meurtrière, quelques mètres plus haut, au sommet de l’immeuble voisin. Il prit aussitôt son arme dans son holster et, sans avoir vraiment le temps de viser, tira en sa direction. Mais la femme s’était déjà mise à l’abri.

Ari jura et, décidé à en finir, se mit à courir sur le toit, le bras gauche à l’horizontale pour ne pas perdre l’équilibre. Au milieu de sa course, une tuile lâcha sous son pied et il faillit tomber à la renverse. Il se rattrapa de justesse au flanc d’une cheminée. Des tuiles décrochées glissèrent et s’éclatèrent avec fracas cinq étages plus bas.

Ari marqua un temps d’arrêt. Le rythme de son cœur s’était encore accéléré. Il s’efforça de ne pas regarder du côté du vide et se remit en route. Arrivé au pied de l’échelle, il reprit sa respiration avant de commencer sa montée. Son arme à la main, il gravit un à un les échelons rouillés tout en scrutant le haut de l’immeuble. Ses semelles faisaient résonner les barres de fer. Impossible de monter sans faire de bruit. Il n’y avait plus de temps à perdre.

Alors qu’il était à mi-chemin, Ari eut tout juste le temps de voir une forme apparaître en haut de l’échelle et reçut, l’instant d’après, un choc violent en plein sur le sommet du crâne.

La brique se brisa sur son front. Sonné, Mackenzie perdit l’équilibre et tomba à la renverse. Il s’écroula deux mètres plus bas dans un vacarme terrible de bris de terre cuite et de craquement de bois. Il sentit aussitôt la blessure dans son dos et poussa un cri de douleur et de rage.

À l’aveugle à nouveau, étalé sur le dos au milieu du toit défoncé, il leva son arme et tira deux balles vers le haut de l’échelle. Mais c’était trop tard.

Il se releva péniblement en évitant le trou qu’avait occasionné sa chute et retourna en boitillant jusqu’au pied de l’échelle. Le dos endolori, il monta malgré tout prestement, en ne s’aidant cette fois que d’une main afin de pouvoir faire feu au moindre mouvement suspect.

Cette fois, il put finir son ascension sans recevoir de projectile. Mais ce n’était pas forcément bon signe : la meurtrière avait filé. Arrivé en haut, il se mit en joue à ras du toit et balaya toute la surface du regard. Elle n’était visible nulle part. Mais il y avait deux cheminées devant lui, assez larges pour que quelqu’un se cachât derrière.

Il grimpa les derniers échelons et avança en diagonale, le plus silencieusement possible. Les deux mains serrées sur son arme, il progressait en visant alternativement les deux cheminées. Le toit était ici bien plus récent, plus solide, et il parvint à approcher sans faire de bruit.

Quand il fut à la hauteur de la première cheminée, il s’immobilisa, inspira profondément, puis se précipita pour découvrir ce qu’il y avait derrière. Rien. Il fit volte-face et se dirigea vers la seconde.

Le vent de la mer soufflait fort dans son dos. Le col de son manteau battait contre ses joues. Pas après pas, le doigt sur la détente, il franchit les quelques mètres qui restaient. Quand il fut à côté de la dernière cheminée, il se décala légèrement pour ouvrir son angle de tir, puis il se lança.

La meurtrière n’était pas là non plus. Elle avait dû quitter le toit avant qu’il arrive. Il jeta un coup d’œil de l’autre côté et aperçut l’extrémité de la rambarde métallique d’un escalier de secours. Il se précipita dans sa direction. Arrivé au-dessus du vide, il tendit la pointe de son arme vers le bas, puis jeta un premier coup d’œil. L’escalier descendait en zigzag jusque dans une petite cour.

Soudain, au niveau du deuxième ou du troisième étage, il aperçut la chevelure blonde de la fugitive. Il ajusta son tir et appuya deux fois sur la détente. Les balles ricochèrent sur l’escalier en projetant des étincelles. La femme s’écarta puis reprit sa descente. Ses pas claquèrent sur les marches grillagées. Ari tenta d’ajuster son tir. Difficile de l’atteindre à travers le treillis de métal. Il rechargea son Manurhin et se lança dans l’escalier. Il dévala les marches quatre à quatre, manquant plusieurs fois de tomber. Arrivé au troisième étage, il vit, tout en bas, la meurtrière sauter dans la cour et foncer vers la porte qui donnait sur la rue. Il se pencha par-dessus la rambarde et tira deux coups de feu, mais rata une nouvelle fois sa cible. La femme ouvrit la porte et disparut de l’autre côté de la paroi, dans la rue.

— Et merde !

Il sauta des groupes de marches en s’agrippant à la rampe pour ne pas tomber. Le froid mordant de l’hiver glaçait ses doigts et son visage.

Arrivé en bas, il s’immobilisa soudain au milieu de sa course. La femme était peut-être juste derrière la porte, à l’attendre. Sortir de ce côté-là était bien trop risqué. Du haut de l’escalier, il avait eu le temps de voir que la cour faisait tout le tour de l’immeuble et il décida de rebrousser chemin pour voir s’il n’y avait pas une autre sortie. Il courut dans la petite allée, le souffle court, et trouva en effet une seconde issue. Il poussa la porte en vieilles lattes de bois et sortit prudemment dans la rue.

Une fois sur le trottoir, il inspecta la place Marco-Polo. Soudain, il aperçut la grande blonde du côté opposé. Il se mit à courir droit devant. Arrivé sur le côté nord de la place, derrière une rangée de voitures, il vit la femme se retourner et le chercher du regard, en direction de la porte par laquelle elle était sortie. Ari se plaqua derrière une camionnette. La meurtrière sembla ne pas l’avoir vu et se remit en route, plus lentement, avant d’obliquer dans une rue à droite. Ari attendit un instant, puis il reprit la poursuite en tentant de rester à l’abri.

Quand il fut de l’autre côté de la place, il s’arrêta. Il avait à présent deux choix. Soit il suivait le même chemin qu’elle et essayait de la rattraper, au risque de se faire repérer avant d’arriver à sa hauteur, soit il tournait dans la rue précédente dans l’espoir de la prendre à revers, en courant plus vite qu’elle jusqu’au prochain croisement. C’était osé, mais il opta pour cette solution.

Sous le regard inquiet des passants, Ari se mit à courir dans la rue parallèle à celle qu’avait empruntée la meurtrière. Le soleil était déjà monté au-dessus des immeubles et incendiait la voie de ses rayons éblouissants. Il laissa passer deux voitures et traversa pour rejoindre le trottoir opposé.

À bout de souffle, les jambes coupées, il atteignit enfin l’intersection. La main plongée sous son trench-coat, le poing fermé sur la crosse de son Manhurin, il s’engagea dans l’avenue où, espérait-il, il allait pouvoir surprendre la femme à contresens.

Mais après quelques pas, il dut se rendre à l’évidence : aucune chevelure blonde sur aucun des deux trottoirs. Ni en aval ni en amont. Elle avait tout simplement disparu. Il poussa un nouveau juron et revint vers le premier croisement. Il fit un tour sur lui-même, inspecta chaque recoin, chaque porche, chaque voiture, mais ne la vit nulle part.

Il leva la tête vers le ciel, dépité. Comment avait-il pu la perdre une nouvelle fois ? Il avait été si proche !

Il prit son téléphone portable dans sa poche pour appeler Krysztov et vit qu’il avait reçu trois appels en absence. C’était justement le garde du corps qui avait tenté de le joindre. Il le rappela aussitôt.

— Krysztov ? Vous en êtes où ?

— Les secours ne vont pas tarder. Et vous ?

— Je l’ai perdue à l’instant ! Dans la rue…

— Écoutez, j’ai essayé de vous appeler, parce que M. Colomben n’a pas arrêté de répéter une phrase avant de tomber dans le coma. Et je pense que ça vous était adressé…

— Quoi donc ?

— Eh bien, ce n’était pas très clair, mais il ne cessait de répéter le mot Providence, le mot Catacombes et le chiffre treize.

— Providence ?

— Oui.

— C’est le nom de la fontaine qui est en haut de la ville. La Fontaine de la Providence… C’est peut-être là que se rend la meurtrière. Peut-être que le carré de Colomben avait un rapport avec cette fontaine. Les carrés semblent tous être liés à une œuvre d’art ou à un monument. Je vais y aller.

— Vous ne voulez pas m’attendre, Ari ?

— Non. Si c’est bien là que la meurtrière se rend, ce coup-ci, je ne veux pas la rater ! J’y vais. Attendez les secours et essayez de vous renseigner pour savoir s’il y a des catacombes sous la fontaine, ou quelque chose comme ça. Rappelez-moi dès que vous avez la moindre info !

— Ça marche.

Ari raccrocha et interpella aussitôt une jeune femme dans la rue.

— Excusez-moi, la Fontaine de la Providence, per favore ?

— Ah… Eh… Là-bas, répondit-elle avec un terrible accent italien. Après le pont. Si. Perspective Garibaldi… en haut des escaliers.

— C’est loin ? Je peux y aller à pied ?

— Pas loin, pas loin… Dix minutes…

— OK. Grazie mille.

Il se mit aussitôt en route. Il traversa la rue d’un pas rapide et arriva en vue du pont qui reliait l’île au reste de la ville. Le téléphone au creux de la main pour ne pas manquer l’appel du garde du corps, il marcha de plus en plus vite malgré la douleur qui ne cessait de grandir dans son dos. Il aperçut bientôt au loin un croisement avec une large avenue, qui, à en juger par la splendeur des façades, devait être la fameuse perspective Garibaldi.

Arrivé à l’intersection, il découvrit sur la droite, tout au bout de l’avenue, les escaliers immenses qui montaient sur la colline de Portosera.

Il commençait à y avoir du monde dans les rues. Ari se faufila entre les gens, les bousculant parfois, sans cesser de chercher dans la foule la chevelure blonde de la femme. Tout en avançant vers les marches du grand escalier, il se répétait les mots que lui avait rapportés Krysztov. Providence. Catacombes. Treize. S’il y avait peu de doute que le premier faisait référence à la fontaine, que voulaient dire les deux autres ? Y avait-il des catacombes sous la fontaine ? Le 13 correspondait-il à un numéro de rue ?

Il lui fallut au moins cinq minutes pour arriver au pied des marches majestueuses qui semblaient s’évader au-dessus de la ville. Ari fit une pause avant d’entamer son ascension. Il passa sa main sous son manteau et se frotta le dos en grimaçant. Il sentit à travers sa chemise qu’il saignait. Il avait dû se couper en tombant sur les tuiles. Mais ce n’était pas le moment de faiblir. Il commença la longue escalade au pas de course. Quelques touristes montaient et descendaient autour de lui, mais il était le seul à gravir l’escalier de Michel-Ange en courant et ne passait bien sûr pas inaperçu. Les marches n’en finissaient pas. Ari se demanda si ses jambes pourraient le porter jusqu’en haut.

Il y avait une ambiance de plus en plus singulière à mesure qu’il approchait du parvis surélevé. Les bruits des voitures sur la grande artère s’estompaient peu à peu derrière lui, tandis que grandissait le souffle grave du vent. Les derniers mètres furent particulièrement pénibles. Il lui fallut puiser du courage au-delà de ses forces. Puis, éreinté, il arriva au sommet de l’escalier.

Tout en avançant sur le parvis, il se plia en deux, écrasé par la fatigue, le visage déformé par une grimace de douleur. Il reprit son souffle en titubant, puis il se redressa et inspecta l’immense esplanade à la recherche de la meurtrière. La tête lui tournait. Il tenta malgré tout de rester debout pour inspecter minutieusement tout l’espace autour de lui. Mais il n’y avait là que des touristes, des couples, des badauds qui flânaient, insouciants, et quelques pigeons qui sautillaient sur la dalle.

En retrait, au coin nord-est du parvis, la cathédrale de Portosera resplendissait dans le soleil bas de l’hiver. Son architecture gothique restait somme toute assez sobre – comme souvent en Italie, où ce style était assez peu représenté. Toute de pierre blanche, elle s’élevait de tours ajourées, qui laissaient la part belle à de grands vitraux colorés. Malgré sa taille modeste, ses arcs brisés appuyaient encore l’impression d’un élan vertical.

Ari sentit son téléphone sonner au creux de sa main. Il vit s’afficher le numéro de Krysztov et répondit aussitôt.

— Ari, j’ai obtenu des infos qui pourraient vous être utiles…

— Je vous écoute.

— La Fontaine de la Providence a été construite par Michel-Ange. Le mécanisme que l’artiste avait inventé pour la faire fonctionner a aujourd’hui disparu et a été remplacé par un système électrique en circuit fermé, auquel on a accès par une simple trappe sur le parvis. Mais l’ancien mécanisme, lui, était dans une salle souterraine, dans d’anciennes catacombes, juste quelques mètres en dessous du parvis. À mon avis, c’est à cela que M. Colomben faisait référence, vous ne croyez pas ?

— Sans doute. Et comment on y accède, à ces catacombes ?

— Il y aurait plusieurs entrées, mais la plus proche de la Fontaine est située dans la crypte de la cathédrale.

— OK. Je vais aller voir ! Ça en est où, de votre côté ?

— Les secours sont là. Colomben est dans le coma. Ils essaient de le ranimer, mais c’est pas gagné. Et j’ai un peu du mal à leur expliquer ce que je fous là… Les carabiniers vont arriver d’un moment à l’autre, ça risque de se corser.

— Appelez le procureur Rouhet. Dites-lui de se mettre en contact avec eux et de vous couvrir. Vous avez son numéro ?

— Oui, oui… Je vais me prendre le savon à votre place, merci Ari !

— À tout à l’heure, Krysztov.

Mackenzie raccrocha et se mit en route vers la cathédrale, à gauche de l’esplanade. De loin, il aperçut des visiteurs qui entraient dans la grande bâtisse. Au moins, elle était ouverte.

Il rejoignit rapidement le portail ouest et se glissa à l’intérieur, entre deux immenses portes de bois. Il se laissa immédiatement imprégner par l’atmosphère silencieuse et sacrée du lieu. Une musique religieuse résonnait discrètement dans l’espace froid, comme venue d’une distance lointaine. Les rayons du soleil à travers les vitraux et la lumière vacillante des bougies faisaient un jeu magique de clair-obscur sous la haute voûte de pierre. Des gens marchaient lentement dans les allées, au pied des statues, sans faire de bruit, pendant que d’autres se recueillaient, isolés ici et là sur des prie-Dieu.

Ari regarda alentour. Il devait trouver la crypte au plus vite. Il y avait de nombreuses portes d’un côté comme de l’autre, susceptibles de mener au sous-sol. Il était évidemment hors de question de demander son chemin à qui que ce fût : l’entrée des catacombes était probablement interdite. Mais si la meurtrière l’avait précédé, comme il le supposait, cela signifiait qu’il devait y avoir un moyen d’y pénétrer discrètement.

Les portes au bas de l’église étaient sans doute celles qui menaient vers les tours. Ari décida d’aller voir plus avant. Sans perdre de temps, il se mit en route et longea la nef latérale droite. À mi-chemin, dans l’ombre, il entendit un prêtre qui officiait dans un confessionnal. Quelques fidèles, assis sur un banc, attendaient leur tour. Ils levèrent les yeux à son passage. Ari se rendit compte qu’il transpirait à grosses gouttes, que son manteau était en piteux état et que sa chute sur le toit lui avait laissé quelques stigmates… Il continua malgré tout son chemin.

Quelques mètres plus loin, il repéra une porte fermée sur le mur de droite. Quand il fut sûr que personne ne le regardait, il s’approcha de la porte et actionna discrètement la poignée. La serrure était fermée. Il se remit en marche.

Il arriva bientôt à hauteur du transept et traversa la cathédrale dans la lumière plongeante qui jaillissait des vitraux. Tout au bout de la nef latérale gauche, il aperçut une nouvelle porte. Il distingua un écriteau blanc affiché au-dessus. Il accéléra le pas pour voir s’il ne s’était pas trompé : pas de doute, le mot cripta était bien écrit en lettres gothiques. Et la porte était entrouverte.

Ari jeta un coup d’œil circulaire. Il n’y avait pas grand monde de ce côté-ci et personne ne semblait lui porter attention. Il marcha droit vers l’entrée et, sans se retourner, franchit la petite porte.

Une faible lumière jaune éclairait l’escalier en pierre qui s’enfonçait dans le sous-sol de la cathédrale. Ari dévala les marches quatre à quatre. En bas, il poussa une seconde porte et découvrit la longue crypte voûtée, plongée dans la pénombre. Avec un mobilier quasi inexistant, quelques chaises et une table seulement, elle ne devait servir qu’en de rares occasions. Toutefois, des chandeliers étaient alignés le long des deux murs latéraux. Trois ou quatre bougies brûlaient encore, insuffisantes pour éclairer totalement les lieux.

Ari s’avança prudemment sur les grandes dalles de pierre. Une odeur aigre d’encens envahissait l’air humide du sous-sol. De plus en plus tendu, l’analyste plongea la main sous son trench-coat et ferma le poing sur la crosse de son magnum.

Arrivé au cœur de la pièce, il aperçut une porte basse à l’opposé de l’entrée, nichée à côté d’une petite armoire ancienne.

La porte avait été forcée. Un cadenas brisé traînait par terre.

 

Le rasoir d'Ockham
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